Libre-échange : l'Europe accroît sa pression sur la Chine Jean-Jacques Mével
10 juin 2006
La Chine doit ouvrir son marché vite et franchement, avertit le commissaire européen au Commerce.
RIEN n'effraie plus Pékin qu'une croissance entravée par des barrières commerciales. L'Europe, suivant les Etats-Unis, se résout à les utiliser. En visite en Chine cette semaine, le commissaire au Commerce Peter Mandelson a agité le spectre du protectionnisme pour se faire entendre, bien qu'il se classe lui-même et sans ambiguïté parmi les tenants du libre-échange.
En Europe et «quoi que nous fassions, ces arguments (protectionnistes) ne seront mis en déroute que si la Chine elle-même agit vite et de manière convaincante pour garantir l'ouverture de son marché», a dit le commissaire européen dans un discours final à l'Université du Peuple à Pékin.
Dans la capitale comme à d'autres étapes, Peter Mandelson a cité la bureaucratie chinoise, des barrières sanitaires injustifiées, la fermeture des marchés publics, l'inégalité face aux banques et les restrictions à l'investissement parmi les principaux obstacles opposés aux entreprises européennes et étrangères. «Je suis un partisan du libre-échange, mais je crois aussi au respect des règles», dit-il.
Espoirs déçus
Cette mise au point répond bien sûr aux inquiétudes que suscite dans l'Union européenne l'envolée du déficit bilatéral. Il a dépassé les 100 milliards d'euros l'an dernier et prend, année après année, une ampleur quasi américaine. Signe révélateur, Bruxelles s'est alliée à Washington ce printemps pour déposer une plainte contre la Chine, devant l'OMC, sur le dossier des pièces détachées automobiles.
L'avertissement vient aussi doucher les espoirs de la Chine d'obtenir rapidement le statut d'économie de marché, désignation officielle qui compliquerait l'application par Bruxelles de représailles antidumping. Pékin ressent les réticences européennes comme un affront politique, au même titre que l'embargo sur les armes appliqué depuis 1989. Il lui est d'autant plus insupportable que la Russie, non membre de l'OMC, jouit elle-même de ce statut dans l'Union.
La lutte contre la contrefaçon, dossier incontournable des visites gouvernementales à Pékin, a donné lieu à de nouveaux paraphes médiatisés. Le commissaire Mandelson s'est félicité de la signature mercredi d'un accord entre les enseignes du luxe européen et trois grandes surfaces pékinoises, dont l'inévitable Rue de la Soie, temple touristique du toc et du faux-semblant. La question, comme toujours, est de savoir si les promesses chinoises tiendront encore après le départ de l'avion officiel."
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