quinta-feira, outubro 07, 2004

L'Union européenne

Peter Mandelson sera l'un des "poids lourds" de l'équipe Barroso

L'ancien théoricien du "New Labour" britannique succède à Pascal Lamy comme responsable de l'Union européenne pour les négociations commerciales internationales. Son arrivée coïncide avec l'accroissement de l'influence anglaise à Bruxelles.

"Un commissaire indépendant, acharné de la cause européenne" : c'est ainsi que s'est présenté le prochain commissaire chargé du commerce international, le Britannique Peter Mandelson, qui était auditionné à son tour, lundi 4 octobre à Bruxelles, par le Parlement européen. Très attendue, cette audition a permis d'apporter un début de réponse à ceux qui s'interrogent sur le profil qu'adoptera le successeur du socialiste français Pascal Lamy. Les conservateurs britanniques, qui ont fait de ce proche de Tony Blair l'une de leurs "bêtes noires", en ont à peine profité pour tenter de le mettre en difficulté.

Très à l'aise, M. Mandelson, qui a été l'un des théoriciens du "New Labour", a cherché à corriger l'image libérale qui colle à l'action de son parti. "Je ne suis pas un libéral simpliste lorsqu'il s'agit d'échanges et de commerce. Je suis favorable à l'ouverture des frontières, mais la libéralisation n'est pas une fin en soi, a-t-il affirmé. Elle est un moyen pour créer une société meilleure et plus juste afin d'améliorer l'existence des gens."

En matière de services publics, il a assuré que la libéralisation ne devrait pas toucher des secteurs comme l'éducation ou la santé et devait être abordée avec prudence au niveau mondial dans le domaine de l'eau ou du traitement des déchets. "Je crois en une économie de marché, mais pas dans une société de marché", a-t-il lancé.

M. Mandelson veut inscrire son travail dans les traces de celui de M. Lamy, un socialiste qu'il a un jour qualifié de "plus libéral" que lui. Ses objectifs : boucler d'ici à 2006 les négociations du "cycle de Doha" engagé au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et signer les accords en pourparlers avec les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et le Mercosur sud-américain. Il espère aussi contribuer à désamorcer les tensions commerciales avec les Etats-Unis, négocier l'adhésion de la Russie à l'OMC et approfondir les relations avec la Chine.

En plus de ses prérogatives propres, M. Mandelson entend être particulièrement vigilant au sein du collège bruxellois sur le suivi de la "stratégie de Lisbonne", dont le président de la future Commission, José Manuel Durao Barroso, a promis la relance. Cette stratégie communautaire, arrêtée en 2000, a pour objectif de faire de l'Union la région la plus compétitive du monde. Il sera secondé pour cela par un ancien du cabinet de Tony Blair à Downing Street, Roger Liddle, un conseiller qui a joué un rôle important dans la mise en œuvre de la politique européenne du chef du gouvernement britannique. Il sera en charge, auprès de Peter Mandelson, des questions politiques. Très proches, les deux hommes ont écrit ensemble, en 1996, un livre de combat, La Révolution Blair. Le cabinet sera dirigé par un diplomate, Simon Fraser, au service, entre 1995 et 1999, d'un autre commissaire britannique au commerce, Leon Britan, qui aura pour adjoint un Français, Denis Redonnet, issu de l'équipe Lamy.

La nomination de M. Mandelson survient au moment où l'influence britannique gagne du terrain à Bruxelles. "Les Britanniques n'ont pas fait le choix d'être au centre, ils s'en protègent, note un diplomate, mais ce qu'ils incarnent sur le plan commercial et économique est assez proche de l'air majoritaire du temps." Au sein de la Commission, les ressortissants britanniques sont moins nombreux que les Français, mais ils bénéficient de la montée en puissance de la langue anglaise dans le travail quotidien. "Londres a beaucoup investi à Bruxelles, avec des hauts fonctionnaires très doués ; le réseau est très bien organisé", poursuit ce diplomate.",in Le Monde (Bureau européen en Bruxelles)

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